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Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/80

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le sang de la coupe

Et de sa bouche ardente et de sa lèvre en fleur
Mordant les belles lignes,
Folâtraient vaguement le duvet querelleur
Et les ombres des signes.

Comme dans ces jardins où la Jérusalem
De fleurs s’était parée,
Le parfum de ses pas, mieux que tout un harem,
Laissait l’âme enivrée.

Comme un oiseau s’envole, et laisse au firmament
Un bruissement d’ailes,
Sur ses pas murmurait un doux frémissement
De linge et de dentelles.

Et cherchant de son sein la neige et les brasiers
Parmi la robe close,
On sentait vaguement refleurir leurs rosiers
Sous le corsage rose !

Et, sur son col de marbre et ses bras, assouplis
Par toute cette joie,
La brise et le soleil se disputaient les plis
De sa robe de soie !

Mais, tandis que les bruits épars et les accords
De l’univers physique,
Sur ses pas, entraînés au rhythme de son corps,
Se changeaient en musique,