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Page:Banville - Œuvres, Les Exilés, 1890.djvu/175

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LES EXILÉS


Jacques

Soufflons le feu !

Jean

Soufflons le feu ! Battons le fer !

Jacques

Fer grossier que la cheminée
Couvre ici de son noir manteau,
Jusqu’à la fin de la journée
Tremble et gémis sous le marteau !

Jean

Pour subir ta métamorphose,
Tu vas sortir, obscur encor,
De la fournaise ardente et rose,
Au milieu d’une gerbe d’or !

Jacques

Puis tu seras l’âpre charrue !
Tu répandras sur les sillons
La moisson blonde, que salue
Le chœur ailé des papillons.

Jean

Tu seras le coursier de flamme,
Le coursier terrible et sans peur
Qui dans ses flancs emporte une âme
De charbon rouge et de vapeur.