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Page:Banville - Œuvres, Les Exilés, 1890.djvu/185

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LES EXILÉS


Et l’air se jouait parmi la dorure
De cette noble parure.

Ô pâle ornement d’un front sidéral,
Vapeur d’un or idéal !

Nulle n’aura plus, nulle enfant au monde,
L’or sacré, la toison blonde

Qu’on voyait frémir autour de ton front !
Jamais ils ne renaîtront

Ces rayons riants qui dans les ravines
Jetaient des lueurs divines,

Lorsque tu courais, avec tes seize ans !
Ô mort farouche ! Ô présents

Qu’ici-bas l’exil ne garde qu’une heure !
Muse, gémis ! lyre, pleure !

N’est-ce pas hier qu’en sa voix passait
La tendresse de Musset,

Et qu’elle parut, foulant le théâtre
De son petit pied folâtre,

Si jeune, oh ! si jeune, espoirs adorés !
Avec ses cheveux dorés