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LES EXILÉS


Toi dont la chevelure éblouissait le pâtre
Enchanté par ta lèvre où la rose fleurit,
Tu seras avec nous sur ce petit théâtre,
Si nous avons en nous ton souffle et ton esprit.

La masure est palais si la Muse y respire,
Les Dieux viennent toujours où les nomme la foi :
Puisqu’un humble tréteau suffisait pour Shakspere,
Le nôtre, si tu veux, sera digne de toi !

Ah ! permets que ton nom, belle âme, y retentisse !
Toi par qui le funeste orgueil fut châtié,
Poète qui tournais tes yeux vers la Justice,
Et qui tendais tes mains, femme, vers la Pitié !


30 mai 1872.