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LES EXILÉS


Et je te disais à toute heure
Dans mon effroi :
C’est moi qui te cherche et qui pleure.
Viens. Réponds-moi.

Hélas ! dans ma longue démence,
Dans mon tourment,
J’avais tant souffert de l’immense
Isolement,

Et de cacher mon mal insigne,
Émerveillé
De gémir tout seul, comme un cygne
Dépareillé ;

J’étais si triste de sourire
Aux vains hochets
Dont s’était bercé mon délire ;
Et je marchais,

Si las d’être seul sous la nue,
Triste ou riant,
Que je ne t’ai plus reconnue,
En te voyant.

Et je t’ai blessée et meurtrie,
Et je n’ai pas,
Au seuil de la chère patrie,
Baisé les pas