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LES EXILÉS

Les Constellations, les Étoiles-Déesses,
Les Astres-Dieux, laissant voler leurs blondes tresses
De flamme dans l’éther qui n’était plus désert,
Unissaient leurs voix d’or en un tendre concert,
Et, dansant et jouant dans les ondes sonores,
Couraient d’un pas agile en portant des amphores.
Dans le calme océan aérien, vibrant
Comme une lyre dont le doux rhapsode errant
Éveille sous ses doigts les cordes amoureuses,
Se baignaient en riant les âmes bienheureuses.
Sur la table des Dieux que paraient leurs couleurs,
Brillait une forêt rouge de grandes fleurs
Ouvrant avec orgueil pour les apothéoses
Leurs calices d’amour, écarlates et roses.
Sur les plats de rubis et d’or éblouissants,
De beaux fruits merveilleux, sanglants et rougissants,
Où rayonnait la pourpre avec sa frénésie,
Montraient leur duvet clair et leur chair d’ambroisie.
Le vin dormait, vermeil, dans les amphores d’or,
D’où, par milliers, courant en leur agile essor,
Des nymphes aux beaux bras, formant de riants groupes,
Avec des cris charmants le versaient dans les coupes.
Et les Heures au haut du ciel oriental,
Tressant diligemment leurs notes de cristal,
Montaient et descendaient la gamme ardente encore
De l’escalier sonore où s’éveille l’Aurore.
Rattachant à la chaîne auguste chaque anneau
Vivant du souvenir, Théa, Mousa, Hymno