Page:Banville - Camées parisiens, s3, 1873.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 48 —

temps, ou les honneurs mondains ou le renom de l’artiste, son étoile n’a pu, en notre âge compliqué et mixte, opter décidément pour l’une ou l’autre de ces hautes fortunes, et qu’il a été justement ce qu’il devait être, un grand seigneur artiste, gouvernant ses états du Louvre avec toute la courtoisie d’un homme bien né et avec toute la sagacité d’un travailleur qui, lui-même, a fait œuvre de ses dix doigts et n’ignore pas ce que toute création exige de labeur et de génie. Son front droit, haut et large, ses yeux profonds, sa barbe et ses cheveux, d’or jadis, de neige maintenant, rejetés en arrière et d’une grande tournure, tout un ensemble de traits majestueux et fiers, permettent au comte de Nieuwerkerke ce sourire toujours affable, si nécessaire à un homme qui a tant de choses à accorder et à refuser, et qui voudrait pouvoir donner chaque matin les deux milliards de M. de Rothschild !