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Page:Banville - Camées parisiens, s3, 1873.djvu/57

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elle se servait toujours. L’œil de Christine Nilsson, tantôt vert, tantôt d’un bleu limpide et parfois à reflets d’or, a la froide et cruelle beauté des soleils aveuglants et transis sur le Falberg toujours couronné de neige et de glace, et il ressemble aussi à ce gouffire du Maelstrom à propos duquel Edgar Poë nous parle de l’étrange et ravissante sensation de nouveauté qui confond le spectateur. Chose étrange ! de loin vague et fuyante apparition. Nuit couronnée d’étoiles, cette svelte figure du Nord, quand on la voit de près, montre des traits taillés largement, comme dans les statues primitives ; les joues et le menton sont solides et rassurants comme la Force ; les roses y brillent sur une neige frappée d’argent, et les immenses boucles blondes à la lumière grise et rose qui, par derrière, tombent jusqu’à la ceinture, semblent être la crinière vivante et farouche d’un casque invisible posé sur la jeune tête souriante.