Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Pareille au gai matin vermeil,
Elle est enfantine et superbe
Et, sous un rayon de soleil,
Semble un grand lys, fleuri dans l’herbe.

Regardant cette floraison,
Je dis à Guy, l’âme ravie :
Mon ami, vous avez raison,
Elle est monotone, la vie.

Paris, que le songe berçait,
Comme Ecbatane et comme Tarse,
Rentre au néant tragique, et c’est
Toujours la même vieille farce.

Partout c’est — on n’en sort jamais —
L’orgie écœurante ou le jeûne,
Et la planète est vieille, mais
Comme la jeune fille est jeune !


23 décembre 1890.