Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/64

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On me verra bientôt parer mes bras charmants
Avec ces cailloux vils qu’on nomme diamants.
C’est ainsi qu’Aphrodite, en sa douleur amère,
Se plaignait. Mais Éros lui dit : Ma douce mère,
Ne gronde pas. Fluide et plus subtile encor,
La flamme du soleil rit dans tes cheveux d’or.
À l’avenir, je veux être sage comme une
Image. On trouvera ma bonté peu commune.
Jamais plus je n’aurai de cruel appétit
Et tu voudras encore embrasser ton petit.
Ô mère, il est bien vrai que d’une façon nette
J’ai démantibulé notre marionnette,
Mais parfois, ce n’est pas ma faute, mon sang bout.
J’en ai fait un débris, des loques, rien du tout,
Un haillon ridicule et triste. Mais, en somme,
Ce pantin ne valait pas cher. Ce n’est que l’Homme.


Novembre 1887.