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LE PRINTEMS


Sinistre Hiver avec tes farouches colères
Pars, va-t’en loin de nous parmi tes ours polaires !
Délivre-nous, vieillard, des fallacieux gants
De peau de chien ouatés et des noirs ouragans,
Et dans le blanc pays des glaces éternelles
Emmène tes Pierrots et tes Polichinelles.
Oui, voici l’heure. Il naît, le glorieux Printems.
Il baise les cheveux dans la brise flottants
Et déroule, en soufflant dessus, les feuilles vertes.
Oiseaux, qui nous charmez de vos ailes ouvertes,
C’est un fait, il convient que vous l’ébruitiez :
Il va neiger bientôt sur les arbres fruitiers.
Nous les verrons, joyeux et quittant l’air morose,
Tachés d’un blanc céleste et vaguement, de rose ;