Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/69

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Un frisson va courir sur les ruisseaux d’argent,
Doux comme le soupir d’une âme et, voltigeant
Dans l’air tiède, où Zéphyr épris chante sa gamme,
Le papillon va dire à la rose : Madame !
Dans les calèches au vol fier qu’emporteront
De fins chevaux ayant des rubans sur le front,
Nous pourrons admirer, sous les cieux tutélaires,
Nos dames de Paris dans leurs toilettes claires.
Des amazones, groupe adorable et riant,
Jetteront sur la foule un coup d’œil, en fuyant.
À certains cavaliers d’autres feront des signes ;
Et sur le flot du lac silencieux, les cygnes
De neige, en regardant folâtrer leurs poneys,
Folâtreront avec les canards japonais.
Il se pourra qu’on jase à la façon des merles.
Et comme s’il pleuvait des rubis et des perles,
On entendra partout des madrigaux fleuris.
[illisible], très correct, louera la duchesse à Paris,
Tandis qu’aux champs, parlant d’une façon plus nette,
Lucas, plein de malice, embrassera Toinette.
Et sur l’étang glacé parmi les joncs dormant
Où la lune se mire et semble un diamant,
À de vagues chansons les amoureuses fées
Mêleront dans la nuit leurs plaintes étouffées.