Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/229

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femme, à petites moustaches follement noires, ridée comme une peau d’éléphant ! En la voyant, on a l’idée qu’une mine de poudre, placée dans ses entrailles, vient d’être allumée, et que la vieille femme va sauter en l’air : ce n’est pas une vieille femme, c’est un clown, c’est Auriol ! Ne riez pas du gilet de velours mordoré et céleste, des six chaînes d’or, de corail, d’argent, de ces montres, de ces cassolettes, de ces épingles, de ces bagues ! Sans cela pas de clowns : c’est le symbole témoignant que leur profession est toute physique. Le petit œil est de feu, la bouche étincelle, si habituée à penser vite, car lorsque le clown prendra son élan pour disparaître par une trappe anglaise pas plus grande que son chapeau, et qui à l’appel de son pied s’ouvre tout au plus une seconde d’avance, il se briserait le front sur les planches, sans cet éclair de pensée rapide !


28. — GEORGE SAND

Elle est vraiment elle dans le miraculeux portrait de Calamatta qui la représente en costume d’homme, avec des habits lâches et trop larges et une cravate négligemment nouée, superbe alors de jeunesse et d’héroïsme. Cette petite tête que les cheveux ondés entourent par larges masses caressantes, le visage ovale, le front plus bombé et paraissant plus élevé au milieu que