Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/230

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vers les tempes, l’œil brun un peu rapproché de la racine du nez, noyé, lumineux, coupé en amande, et dont la prunelle est saillante ; le regard qu’anime un mélange de bonhomie et de malice ; le nez aquilin aux narines fines, relevées, mobiles et moqueuses ; une oreille extrêmement petite et bien coquillée ; la bouche plantureuse aux lèvres d’un rouge foncé, charnues et se découpant en relief, surmontées d’une ombre de duvet ; les dents très blanches, étroites, un peu longues et bombées ; le menton un peu potelé, mais où on sent un os d’arrêt très ferme ; le col majestueux, le buste ample, riche et bien modelé, les toutes petites mains délicates dorées par le baiser du soleil, expriment magnifiquement l’amour des splendeurs visibles, l’enthousiasme pour les choses créées, l’orgueilleux appétit de toutes les nobles joies. — Qui eût dit, à cette rose et flamboyante aurore de son génie enfant, qu’elle écrirait, en réponse à Octave Feuillet ! des romans abstraits dirigés contre le sacrement de la pénitence, et peuplés de personnages filandreux qui n’ont rien de la vie !


29. — GAVARNI

L’historien du dix-neuvième siècle s’est représenté lui-même dans une immortelle Étude par laquelle l’avenir connaîtra qu’en cet âge puissant l’artiste gagna sa noblesse,