Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/27

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vait être mince et aérienne pour avoir inspiré de tels vers mélancoliques, pareils au gémissement du vent dans les plaintives cordes de fer d’une harpe éolienne !

— Madame, dit un Oswald un peu entaché de réalisme, il ne faut rien exagérer. On assure qu’Elvire était une blanchisseuse…

— Ah ! soupire avec une petite moue la dame au front d’argent, ne m’enlevez pas vos illusions ! »

Et tout de suite, pour montrer que cela lui est parfaitement indifférent, elle rit en découvrant ses petites dents d’opale brillantes ; elle s’évente avec son éventail en plumes de jeune cygne, et le reflet de son céleste visage de Pierrot jette sur les flots doucement agités mille et mille paillettes d’argent, qui les ourlent de délicates et capricieuses broderies.


IV. — MESDEMOISELLES LES ÉTOILES

Mesdemoiselles les Étoiles sont allées au bal, où elles ont follement dansé toute la nuit, et maintenant, en rentrant chez elles à travers les bleus jardins de l’éther, elles dansent encore. Coiffées de l’étincelant bandeau et leurs longs cheveux rejetés en arrière, habillées d’une vivante toile de diamant, et leurs blanches jambes toutes nues, elles reviennent en folâtrant, rieuses, les seins