Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/150

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TOUT LE CHŒUR.

mortelles alarmes !

LA MÊME ISRAÉLITE.

Faibles agneaux livrés à des loups furieux, Nos soupirs sont nos seules armes.

TOUT LE CHŒUR.

Ô mortelles alarmes !

Racine. Esther. Acte I, Scène v.

Mille fois plus que Racine, Corneille fut, dans le vrai sens du mot, un poëte tragique. Il arrivait après Jodelle, après Garnier, après Hardy, et ce- pendant il fut le premier poëte français qui véri- tablement composa des tragédies, et pour bien dire, il fut aussi le dernier. Dans l’histoire des transformations de la poésie, il arrive bien sou- vent que l’homme qui, chez un peuple, crée une forme poétique, est à la fois le premier et le der- nier qui sache s’en semr. Ceci s’applique exacte- ment à Corneille, qui, à prendre les choses dans leur vérité absolue, a été en France le seul auteur tragique. Seul en effet il a réuni dans ses poëmes les deux conditions sans lesquelles la Tragédie n’est pas et ne peut pas être : car sa tragédie est toujours RELIGIEUSE ET LYRIQUE.

Religieuse. — On se demandera tout d’abord comment Cinna, Pompée, Œdipe, Rodogune,