Ô Dieu, l’étrange peine !
En cet affront, mon père est l’offensé,
Et l’offenseur le père de Chimène.
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse :
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse ;
L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flame
Ou de vivre en infâme,
Des deux côtés mon mal est infîny.
Ô Dieu, l’étrange peine !
Faut-il laisser un affront impuny ?
Faut-il punir le père de Chimène ?
C’est en strophes aussi que Polyeucte, détaché de tout sentiment humain et prêt à embrasser le martyre, exprime son appétit des voluptés célestes :
Source délicieuse en misères féconde ;
Que voulez-vous de moy, flateuses voluptez ?
Honteux attachemens de la chair et du monde.
Que ne me quittez-vous quand je vous ai quittez ?
Allez, honneurs, plaisirs, qui me livrez la guerre,
Toute votre félicité.
Sujette à l’instabilité,
En moins de rien tombe par terre ;
Et, comme elle a l’éclat du verre,
Elle en a la fragilité.
Ainsi n’espérez pas qu’après vous je soupire.
Vous étalez en vain vos charmes impuissans ;
Vous me montrez en vain, par tout ce vaste empire.