Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/176

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tain nombre de morceaux de galette ! Hélas ! dans toutes les éditions de son œuvre, ces malheureux chiffres romains, puéril amusement d’un homme de génie, ont été respectés — par lui d’abord, puis par ses éditeurs et par ses héritiers. Que n’a-t-on respecté plutôt les changements à vue shakespeariens de ses Comédies, qu’on a ramenées violemment à l’unité de lieu de Procuste ! — J’ai traité de gaminerie le numérotage des vers de Mardoche, car Alfred de Musset si spirituel, — et si savant en versification, malgré les airs innocents qu’il prenait pour faire pièce aux versificateurs trop exacts, n’avait pas pu croire que cette farce typographique rappelait suffisamment la strophe des poëmes byroniens.

Il faut se garder d’une semblable illusion, et il faut bien se garder aussi de croire qu’on a fait quelque chose lorsqu’on a arbitrairement retourné un rhythme comme on retourne un gant, et qu’on a simplement mis les vers masculins à la place des vers féminins, et réciproquement. —

En cette affaire comme en beaucoup d’autres, le désir de s’instituer maître de son autorité propre, avant d’avoir été un bon écolier, a fait faire aux gens beaucoup de sottises. Jamais, en apparence, on n’a inventé plus de rhythmes que dans ces dernières années ; mais leur plus