Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et l’Ange, châtiant autant, ma foi ! qu’il aime.
De ses poings de géant torture l’anathème ;
Mais le damné répond toujours : « Je ne veux pas ! »

Charles Baudelaire. Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, XCV.



Sonnet — irrégulier, parce que, bien que les quatrains soient écrits sor des rimes pareilles, la disposition en est contrariée, — le premier quatrain ayant ses rimes masculines au premier et au quatrième vers, tandis que le second quatrain a ses rimes masculines au second et au troisième vers.


Je te donne ces vers afin que si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et fait rêver un soir les cervelles humaines,
Vaisseau favorisé par un grand aquilon.

Ta mémoire, pareille aux fables incertaines.
Fatigue le lecteur ainsi qu’un tjmpanon.
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines ;

Être maudit à qui, de l’abîme profond
Jusqu’au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond !
Ô toi qui, comme une ombre à la trace éphémère.

Foules d’un pied léger et d’un regard serein
Les stupides mortels qui t’ont jugée amère.
Statue aux yeux de jais, grand ange au front d’airain !

Charles Baudelaire. Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, XL.



À propos du Sonnet, méditer avec grand soin les observations suivantes :

1° La forme du Sonnet est magnifique, prodigieusement belle, — et cependant infirme en quelque sorte ; car les tercets, qui à eux deux