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La Villanelle. Si la muse Érato possède quelque part un petit Dunkerke (au xixe siècle, tout est possible !), la Villanelle est le plus ravissant de ses bijoux d’étagère. En voici une, tortillée de main de maître, et dont l’auteur a été un des poètes les plus organisés et les plus érudits de notre époque. Hélas ! il n’a laissé que des prémisses, et des témoins irrécusables de son génie !


la marquise aurore
Villanelle.

 
Près de Marie-Antoinette,
Dans le petit Trianon,
Fûtes-vous pas bergerette ?

Vous a-t-on conté fleurette
Aux bords du nouveau Lignon,
Près de Marie-Antoinette ?

Des fleurs sur votre houlette,
Un surnom sur votre nom,
Fûtes-vous pas bergerette ?

Étiez-vous noble soubrette.
Comme Iris avec Junon,
Près de Marie-Antoinette ?

Pour déniaiser Ninette,
Pour idylliser Ninon,
Fûtes-vous pas bergerette ?

Au pauvre comme au poète,
Avez-vous jamais dit : Non,
Près de Marie-Antoinette ?