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Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/248

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qui termine le troisième vers de la strophe précédente.

En d’autres termes, chaque strophe prend dans la strophe qui l’a précédée, un mot final à la fin, un mot final au commencement, jusqu’à épuisement des six mots, en remontant et en descendant de la fin et du commencement de la strophe au milieu de la strophe.

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Entre les mains de M. de Gramont, la Sextine est admirable. On lit ses sextines sans pouvoir soupçonner, si l’on n’est pas versificateur, que le poëte ait dû combattre des difficultés, tant le tour en est libre, aisé, gracieux, tant la phrase y est bien attachée, correcte et maîtresse d’elle-même. Mais que de génie et de talent atteste ce résultat si parfait ! Il a fallu VOIR d’abord un sentiment ou un paysage (en ce cas c’est tout un) avec tous ses aspects, puis VOIR les six mots qui suffiront à ébaucher la peinture de ce sentiment ou de ce paysage, puis VOIR — et tout cela d’un coup, et spontanément ! — les mille nuances diverses que peuvent revêtir ces mêmes mots pour faire naître tour à tour dans l’esprit du lecteur toutes les impressions qui sont nées à la fois dans la