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vers de treize syllabes, avec un repos ou césure, entre
la cinquième et la sixième syllabe.


Le chant de l’Orgie — avec des cris au loin proclame
Le beau Lysios, — le Dieu vermeil comme une flamme,
Qui, le thyrse en main, — passe rêveur, triomphant,
À demi couché — sur le dos nu d’un éléphant.

Après eux Silène — embrassant d’une lèvre avide
Le museau vermeil — d’une grande urne déjà vide,
Use sans pitié — les flancs de son âne en retard,
Trop lent à servir — la valeur du divin vieillard.


Le vers de douze syllabes ou vers alexandrin, qui répond à l’hexamètre des Latins, a été inventé au xiie siècle par un poète normand, Alexandre de Bernay ; c’est celui de tous nos mètres qui a été le plus long à se perfectionner, et c’est de nos jours seulement qu’il a atteint toute l’ampleur, toute la souplesse, toute la variété et tout l’éclat dont il est susceptible. Le vers alexandrin, dont j’essayerai plus loin de développer le caractère et les ressources, a une importance énorme, immense, dans la poésie française : car, en même temps qu’il a sa place dans l’Ode et dans l’Épigramme, comme tous les autres mètres, en même temps qu’il s’applique à l’Épître, à l’Idylle et à la Sextine, et que la plu-