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Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/297

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à bonne fin, un Auguste, car c’est en vain qu’il tâche de réveiller pour elle l’indifférence des rois. Quant à demander son argument à nos chroniques, des étrangers seuls ont dû croire que Ronsard le pouvait, au xvie siècle. On sait que lors de la publication des œuvres inédites de Ronsard, recueillies par M. Prosper Blanchemain, et aussi à propos d’une étude sur notre poëte considéré comme imitateur de Pindare et d’Homère, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, le plus illustre de nos critiques a donné sur Ronsard une nouvelle appréciation, composée, comme sa première et si célèbre étude, avec infiniment de tact, de goût et de mesure. Dans ce récent travail, M. Sainte-Beuve réfute péremptoirement, mais, ce me semble, avec un peu de complaisance, le reproche fait au poëte de La Franciade par les Schlelgel et par Mickiewicz. Il se donne la peine, selon moi superflue, d’expliquer comment il fut impossible à Ronsard de puiser dans nos anciens poëmes de chevalerie. « Au moment où s’essaya Ronsard, dit-il, la tradition du moyen âge était chez nous toute dispersée et rompue, sans qu’il eût à s’en mêler ; ces grands poëmes et chansons de geste, qui reparaissent aujourd’hui un à un dans leur vrai texte, grâce à un labeur méri-