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Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/79

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C’est ainsi que, tous les mots ayant été délivrés, nous avons à notre disposition pour en faire des rimes, non plus vingt mots, comme les avaient Lemierre, Campenon et Luce de Lancival, mais autant de mots qu’il y a d’étoiles dans le ciel. Nous n’avons donc plus besoin de torturer notre phrase pour la souder à une rime banale et inévitable ; aussi peut-on proclamer en toute sûreté l’axiome suivant : Dans tout poëme, la bonne construction de la phrase est en raison directe de la richesse de la rime. Je pourrais ici accumuler les exemples, mais ils seraient inutiles ; sauf et excepté les grands hommes du xviie siècle, Regnier, Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, l’histoire de la poésie française saute du xvie siècle au xixe Tout ce qui est compris dans cet intervalle ne doit pas être lu, si ce n’est à titre de jeu et d’amusement par un harmoniste exercé, par un savant contre-pointiste ! Car il est déjà suffisamment difficile d’apprendre à faire les vers, et il est toujours inutile de lire des ouvrages qui ne peuvent qu’enseigner le moyen de ne pas faire les vers !


Je reviens à mon hypothèse. Vous n’êtes pas poëte ; vous voulez cependant écrire en vers, et vous savez déjà que toute violation de la gram-