Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/124

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où il n’était pas là. » A tout, l’abbé Ponceau répondit : « Benè, benè. ». Ils eurent bientôt dévoré la distance qui les séparait du domicile de Clément.

Si peu de temps qu’ils eussent mis à venir, ils arrivèrent encore trop tard. Inquiet sans savoir pourquoi, oppressé de vagues pressentiments, Clément avait quitté brusquement son bureau et était rentré chez lui. Tout porte à croire que Rosalie jugea à propos de l’avertir du service qu’elle avait exigé de Destroy. La vieille Marguerite n’eut pas plutôt ouvert, l’abbé Ponceau et Max furent à peine dans l’antichambre, que Clément se montra. D’une lividité de cadavre, muet de fureur, embrassant sa poitrine de ses poings crispés, il les regarda en face avec une hauteur foudroyante. Le récit le plus exact et le plus ferme n’atteindra jamais à l’horreur de la scène qui suivit. Pendant que Clément, de l’air d’une bête fauve, tenait en arrêt, magnétisait, pour ainsi parler, son ami et le prêtre, au fond de l’appartement, malgré les portes closes, on entendait, mêlées à des cris d’enfant d’une acuité sauvage, les plaintes d’une femme qu’on semblait égorger.

Ces hurlements de détresse, à émouvoir des cœurs en marbre, ajoutaient à la rage de Clément et le jetaient insensiblement hors de lui. D’une voix étouffée, lançant les syllabes comme des flèches :

« Que venez-vous faire ici ? dit-il à l’abbé, et à Max : De quoi vous mêlez-vous ? »