Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/126

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dans une consternation profonde, s’apprêtaient à sortir.

Soudainement, l’une des portes donnant sur l’antichambre fut ébranlée, puis ouverte, et Rosalie apparut. Pieds nus, les cheveux épars, d’une main elle retenait sa chemise à son cou ; de l’autre, elle s’accrochait à l’un des battants de la porte. Sur sa face hâve, ses yeux agrandis, presque sans couleur, brillaient d’une expression étrange. Son corps de squelette vacillait et menaçait de s’affaisser. Max, le prêtre, et Clément lui-même, se retournèrent simultanément et s’arrêtèrent saisis d’épouvante.

« Je me meurs ! » fit Rosalie chez qui la soif d’entendre une parole consolante étouffa jusqu’aux instincts de pudeur. Elle glissa sur ses genoux, et, laissant à découvert une poitrine épuisée, tendit ses bras débiles vers le prêtre.

« Pardon ! oh ! pardon ! » s’écria-t-elle d’une voix éteinte, avec toute son âme.

Le vieillard, dont le cœur s’emplit de pitié, fit irrésistiblement un pas vers elle.

Ce seul mouvement de l’abbé faillit rendre Clément fou. A ce degré d’égarement qui blanchit les lèvres d’écume et rend capable d’un meurtre, de sa femme, il se tourna vers le prêtre et lui cria, en jetant les poings en arrière :

« Allez-vous-en ! Épargnez-moi le tort de porter les mains sur vous ! »