Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/139

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point avec le reste de la maison. La seule chambre du fond était encore trop spacieuse pour notre dénûment. Trois ou quatre meubles vermoulus y dansaient à l’aise, pendant que des journaux, des papiers, quelques livres, des fioles et divers ustensiles de ménage, le tout entassé pêle-mêle sur des tablettes, y témoignaient des états que j’avais exercés. Somme toute, nous étions chez nous, pouvant entrer et sortir à toute heure de nuit sans éveiller l’attention des voisins.

« Les conversations qu’entendirent ces murs dans l’espace des quatre mois que nous vécûmes là ne peuvent pas se raconter. Vous m’avez fait souvent remarquer que Rosalie, entre les mains d’un honnête homme, fut infailliblement devenue une estimable ménagère. Cela est vrai. Entre les miennes, elle devint en peu de temps une compagne digne de moi. Elle ne voyait, n’entendait, ne sentait que par mes sens ; elle faisait vraiment partie intégrante de ma chair. Je ne hurlais pas plutôt contre les hommes et contre le ciel qu’elle éclatait à l’octave, quand elle ne renchérissait pas sur mes imprécations. Nous raisonnions le crime à l’instar d’une opération commerciale, et appelions de toutes nos forces l’occasion de nous enrichir à l’aide d’un mauvais coup. Cependant, le jour, me croirez-vous ? s’il m’arrivait de manier des billets de banque, j’avais à peine une tentation. Je pouvais risquer d’en