Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/167

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valeur qu’aux yeux du plus grand nombre donne la fortune. Pour le soustraire à l’influence ruineuse qu’exerçait sur lui une femme entretenue, sa mère l’avait obligé d’entreprendre un long voyage. Trois années de séjour dans l’Amérique du Nord avaient meublé sa mémoire d’une série d’anecdotes plus ou moins dignes d’intérêt. Il avait visité nombre d’endroits, et, en dernier lieu, s’était arrêté assez longtemps dans une petite ville de commerce située sur le lac Ontario. A beau mentir, ou, au moins, a beau parler qui vient de loin. Max et Rodolphe l’écoutaient avec distraction. Il s’interrompit tout à coup.

« N’avez-vous pas connu un nommé Clément ? » demanda-t-il aux deux amis.

Tandis que Rodolphe, dont la curiosité prenait feu, s’empressait de répondre affirmativement, Max tressaillait et regardait Sosthènes avec inquiétude.

« Je vous en parle, reprit Sosthènes, parce que, soi-disant, il a vécu ici dans le monde des gens de lettres et des artistes. »

Tout ému de la rencontre, Rodolphe, avec son étourderie habituelle, plus soucieux de parler que d’écouter, accumula questions sur questions. Sosthènes, exceptionnellement, fut intéressant parce qu’il avait été intéressé lui-même. Max, contre toute attente, connut, jusque dans les moindres détails,