Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/180

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A l’occasion d’un service célébré en son honneur, quelques paroles furent prononcées qui roulaient sur ce thème : Pertransivit benefaciendo.

C’était un fait. Il vivait en faisant le bien, il accumulait bonne action sur bonne action, il s’efforçait de se rendre agréable aux hommes ; de gagner leur estime, de mériter leur admiration. Ebranlé dans son scepticisme, effrayé, sinon repentant, il se flattait sans doute, à force de générosité et de dévouement, d’apaiser ses grandissantes et atroces terreurs.

On a vu jusqu’à quel point était profonde son illusion.

Échappé d’un milieu qui ne reconnaît rien en dehors de lui, d’un milieu où la légalité est la souveraine moralité, il tombait pourtant en proie à des tortures inouïes dont on essayerait vainement de contester la source. Les années, loin d’éteindre en lui de dévorants souvenirs, en redoublaient la vivacité, et tout porte à croire qu’il désespérait de trouver, même dans la mort, un terme à son supplice.

Son memento contenait du moins cet aveu précis qu’il y formulait d’une main tremblante quelques jours avant de mourir :

« Non, quoi qu’on puisse prétendre, ce qu’on appelle conscience n’est pas uniquement le fruit de l’éducation. Il est même des crimes que ni le repentir,