je voulais chanter mon amour, il devenait douleur ; — quand je voulais chanter ma douleur, elle devenait amour ; — mon amour et ma peine se partageaient mon cœur.
» J’appris qu’une pieuse jeune femme était morte ; autour de sa tombe cheminait un cercle immense de jeunes hommes et de vieillards qui semblaient plongés dans les béatitudes de l’éternelle félicité ; ils parlaient bas pour ne pas réveiller la jeune femme. De célestes pensées jaillissaient de la tombe et se répandaient sur la foule avec un doux murmure.
» J’éprouvai l’ardent désir d’entrer dans le cercle. O prodige ! dirent les gens, il y entre, — et, en effet, je m’avançais lentement, avec recueillement et foi profonde, les yeux fixés sur la tombe. Sans m’en apercevoir, j’étais dans le cercle où se faisait entendre une musique merveilleusement adorable. J’entrevis le bonheur éternel, et, de plus, je rencontrai mon père aimant et réconcilié ; il me serra dans ses bras et pleura, mais moi encore davantage. »
Schubert a laissé quelques poésies, toutes empreintes d’un caractère
éminemment mystique, comme on pourra s’en convaincre en lisant les
deux pièces : Mein Gebet et Last sie nur in ihrem wahn , que cite Henri de
Kreissle dans son intéressante biographie. Il a composé notamment le texte
de plusieurs de ses lieder.