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V

« Dans les commencements de ma liaison avec sa mère, — reprit le comte de Ravila, — j’avais eu avec cette petite fille toutes les familiarités caressantes qu’on a avec tous les enfants… Je lui apportais des sacs de dragées. Je l’appelais « petite masque », et très souvent, en causant avec sa mère, je m’amusais à lui lisser son bandeau sur la tempe, — un bandeau de cheveux malades, noirs, avec des reflets d’amadou, — mais « la petite masque », dont la grande bouche avait un joli sourire pour tout le monde, recueillait, repliait son sourire pour moi, fronçait âprement ses sourcils, et, à force de se crisper, devenait d’une « petite masque » un vrai masque ridé de cariatide humiliée, qui semblait, quand ma main passait sur son front, porter le poids d’un entablement sous ma main.

« Aussi bien, en voyant cette maussaderie