Page:Barbey d'Aurevilly - Le Parnasse contemporain paru dans le Nain Jaune, 1866.djvu/30

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lettre fort bienveillante, qu’il avait vainement cherché dans ses papiers pour y retrouver quelques vers inédits. — Tels sont les faits que j’oppose à M. Barbey d’Aurevilly. Mais, ici, l’affaire devient plus amusante, car je suis bien obligé de parler de M. A. Pommier. Je ferai observer d’abord à M. Barbey d’Aurivilly que sa phrase est si singulièrement construite, qu’on croirait vraiment qu’il range M. Pommier parmi les poëtes, sans lesquels nous n’aurions jamais existé ; or, quelques singulières que soient parfois les opinions de M. Barbey d’Aurevilly, celle-là est si formidable et si fantastique, qu’il y aurait de la mauvaise foi à la lui opposer. — M. Amédée Pommier, à une époque où il méprisait moins les poëtes du Parnasse contemporain, a daigné nous envoyer un long poëme qui a été refusé tout net, et refusé non pas sur le nom seul de M. Amédée Pommier, — homme distingué qui joue à la rime non pas précisément avec habileté, mais avec quelque désinvolture, comme un autre jouerait aux quilles ; versificateur diffus et incorrect, mais qui, en somme, n’est guère plus éloigné d’un vrai poëte qu’un acrobate vulgaire ne l’est d’un grand comédien. Non, ce n’est pas sur le nom seul de M. Amédée Pommier que son poëme a été refusé, mais bien à cause des vers eux-mêmes, et surtout de son sujet.