Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/275

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épouser son Marigny à sa petite-fille, je crois, en vérité, qu’elle l’épouserait.

— Ce serait donc sa première folie, — répondit le vicomte, en ricanant silencieusement, — car elle n’en a jamais fait pour personne. C’est une fine mouche. Mais enfin, il est temps pour tout, et, tôt ou tard, il faut bien que jeunesse se passe. »

Et, tout enchanté de se trouver tant d’esprit, le vicomte de Prosny tourna orgueilleusement son binocle sur l’assemblée qui emplissait la nef. Il distribuait des signes de tête à toutes les personnes de sa connaissance. À force de regarder autour de lui, son attention lassée se porta sur l’orgue qui répandait alors ses fleuves d’harmonie sous les arceaux de l’église ébranlée, et il ajusta, dans l’espèce de tribune qui s’ouvre des deux côtés du majestueux instrument, une personne qu’il ne croyait pas là, sans doute, car il prit le plus surpris de ses airs étonnés, et, poussant sa joue avec sa langue et de son coude le coude de la comtesse d’Artelles :

« Que le diable m’emporte, — dit-il, sans avoir égard à la sainteté du lieu, — si ce n’est pas là la señora Vellini ! »

On touchait au moment le plus solennel de la messe, mais le mot prononcé à voix basse par M. de Prosny produisit son effet sur la