dans ses derniers jours, l’avoir rencontrée, en 94, chez son cousin, le duc de Northumberland, et si charmante, même pour ces Anglais, qu’ils la préféraient à la chasse au renard. Assez habile pour n’avoir point besoin d’être heureuse, elle fut heureuse comme si elle n’avait point besoin d’être habile. Les intendants d’alors étaient des fripons (voir toutes les comédies du temps) ; par hasard, le sien fut un honnête homme. Il acheta, avec les assignats, toutes les propriétés des de Flers, et les rendit très noblement à la marquise quand elle revint de l’émigration. À dater de ce retour, elle ne quitta jamais Paris que pour aller aux eaux ou dans ses terres de Normandie, prétendant « qu’elle avait assez voyagé comme cela. » Sa fille, qu’elle aimait sans doute, mais qui ne lui plaisait pas, — cette chose importante pour que les affections soient profondes ! — avait épousé un des descendants des Polastron. Comme les Larochejaquelein et les Grillon, Armand de Polastron avait d’abord refusé, par honneur monarchique, de servir Bonaparte. Il y fut bientôt forcé par cet Italien du XVIe siècle, dont la politique et le dépit retournaient contre les mères outragées le noble refus des enfants. Armand se fit tuer, au premier feu, en vrai gentilhomme, qui oublie tout devant l’ennemi. Il laissa sa jeune femme enceinte. Marie-An-
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