Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/120

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quoi ce coup de lancette au cœur, quand il avait vu auprès de madame de Mendoze la tête si connue, — laide, obscure et indifférente !

— « Quelle femme était donc avec madame de Mendoze ? — reprit Hermangarde, essayant de distraire l’attention de son mari du spectacle douloureux qu’elle croyait resté dans son esprit. — Nous nous connaissons toutes, à peu près, au faubourg Saint-Germain, mais je n’y connais pas cette figure-là.

— C’est peut-être une femme des châteaux voisins, — dit Marigny, insincère avec Hermangarde pour la première fois de sa vie.

— Elle a l’air étranger, — fit la jeune femme. — La comtesse a été élevée en Italie. Ce sera peut-être une de ses amies d’enfance qui sera venue la voir et la soigner. »

La conversation tomba encore. Le froid qui venait à cause du soir, et aussi à cause de la brise, plus vive à mesure qu’ils se rapprochaient de la mer, leur fit hâter le pas de leurs chevaux. Ces beaux amoureux, qui galopaient, il n’y avait qu’un instant, le cœur léger, les mains nouées, le sourire aux lèvres, dans les landes de la Haie d’Hectot, trottaient maintenant sombres, dans les chemins pierreux, cinglant le cou de leurs montures avec ces mouvements de la main qui trahissent plus l’agitation intérieure que l’impatience d’arriver. Le