Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/140

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— Et inutilement, ma pauvre amie, — dit-il avec une douceur qui devait lui faire pardonner le sens cruel de ses paroles.

— Tu le disais aussi, — répondit-elle, — quand tu aimais madame de Mendoze. Elle était belle comme Hermangarde, et pourtant ce fut pour revenir à ta vieille maîtresse, Vellini, que tu l’abandonnas ! »

Marigny courba la tête sous cette âpre démonstration tirée de l’expérience de son passé.

— « Pauvre femme, — dit-il, attendri par ce nom, — que cette comtesse de Mendoze ! — Et se rappelant ce qu’il avait vu la veille : — Comment se fait-il, Vellini, que tu l’aies connue ? Quelles inexplicables relations y a-t-il maintenant entre vous ?

— Nos relations ! — répondit-elle ; — c’est toi encore. Je la rencontrai à ton mariage. Comme moi, elle avait eu l’amère fantaisie d’y aller. Tu le sais, nous nous étions vues ; nous nous reconnûmes. Au pied de l’autel où tu venais d’épouser Hermangarde, il n’y avait plus de rivales. Il y avait deux femmes égales devant l’abandon ! Nous nous parlâmes. Nous nous prîmes de confiance. Elle me dit sa peine ; je lui racontai quels avaient été mes bonheurs. Tout en larmes, elle s’étonna de mes yeux secs. « C’est qu’il me reviendra, » lui dis-je. Mais elle me traita d’orgueilleuse. Je lui parus