Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/153

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où était M. de Mrigny. Pouvait-elle être jamais longtemps sans son Ryno ? Sa femme de chambre lui ayant dit que monsieur était sorti depuis une heure : « C’est bien, — répondit Hermangarde, — je le retrouverai, » et elle prit la résolution de sortir.

— « Madame aura froid et madame est souffrante, — lui objecta sa femme de chambre, tout en lui passant sa pelisse bleuâtre.

— Je m’envelopperai bien, — répondit gaiement Hermangarde. Et elle ramena sur sa tête son capuchon ouaté, par-dessus lequel elle noua son mouchoir brodé, de peur du vent.

— C’est une imprudence, — fit encore la femme de chambre. — Madame veut-elle au moins que je l’accompagne ?

— Non ! — répondit Hermangarde, — restez. » Et elle sortit seule, comme elle le faisait souvent sur cette côte où tout le monde la connaissait et l’aimait, et où le respect qu’on avait pour elle protégeait suffisamment sa solitude.

« Par où prendrai-je pour le trouver ? » se dit-elle quand elle eut refermé la grande porte de la cour, brunie par les pluies. Elle alla d’abord vers le petit pont, du côté de Barneville. Puis en s’avançant et ne voyant personne, elle revint sur son chemin, et, passant au pied des escaliers adossés au mur de sa demeure, elle se dirigea vers la falaise, que Marigny,