Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/17

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de madame de Mendoze, et surtout cette liaison de dix ans avec cette horreur d’Espagnole que je ne connaissais pas et que vous m’avez montrée à son mariage, tout cela nous faisait conspirer contre la résolution prise par notre amie de donner sa petite-fille à M. de Marigny. Vous vous rappelez si nous y sommes allés de main morte ! si nous n’avons pas tout tenté pour arracher Hermangarde à l’affreux malheur qui la menaçait, du chef têtu de sa grand’mère ! Eh bien, qui l’aurait cru ? Cette tête-là avait raison contre nos deux fortes judiciaires, mon digne ami. Le roué, le don Juan, le Lovelace était sincère et profondément épris. Le Diable, sans être vieux, devenait ermite, mais aux pieds d’une si divine Madone que toutes les voluptés de la vie devaient avoir moins de charmes que cette douce pénitence d’amour. Ah ! vous ne le croirez pas tout de suite. On ne croit guères pareille chose qu’à la dernière extrémité. Mais je l’ai vu, de mes propres yeux vu, ce qui s’appelle vu !… Voilà quatre mois que j’observe ce Marigny, qui m’était si suspect, et sa femme, et vraiment je n’oserais pas dire lequel des deux aime davantage. S’il fallait parier pour l’un ou pour l’autre, je crois, d’honneur, que c’est pour lui que je parierais.

« Et n’allez pas, pour vous expliquer ma