Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/215

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— seule là où vous êtes deux, affolés comme nous l’avons été l’un de l’autre, ne te remuera donc pas une seule fois le cœur, Ryno ? Ah ! je te l’ai souvent entendu dire avec une générosité qui me semblait belle : « Est-ce que tout est fini, quand l’amour n’est plus ? » Sur cette falaise où je t’ai revu, même en me repoussant, ne m’appelais tu pas ton amie ? et qu’est-ce que je te demande aujourd’hui, Ryno, qui soit plus que de l’amitié ?

« Oui, je veux te voir, en attendant que tu me reviennes, et je jure que je te verrai ! N’exaspère donc pas ta violente ! Ne me fuis plus ! Tu serais cause de quelque folie qui mettrait peut-être en péril le bonheur de ton Hermangarde. Songe à cela, carino ! Tu connais la volonté de Vellini. Tu connais ce front, méchant et bombé, comme tu disais, qui se baisse et heurte l’obstacle, dût-il se briser en éclats tout en le heurtant ! Prends-y garde ! Ne le défie pas ! Ils m’ont dit, aux Rivières, que ta femme avait besoin d’une fille de chambre. Si j’allais prendre les habits de Bonine Bas-Hamet (une pêcheuse d’ici qui est de ma taille), et si j’allais m’offrir à ta femme, qu’en dirais-tu ? Vellini, la fière Vellini, devenue la servante de madame de Marigny, seulement pour te voir ! uniquement pour te voir ! Que ferais-tu, Ryno ? Lui dirais-tu qui je suis ? Ah ! peut-être