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à Carteret, la blanche marine, qu’une coquille de moule ne ressemble à une coquille de nacre. Il consiste en une rue mal pavée, à maisons basses, couvertes d’un chaume bruni par le temps ou verdi par la pluie, éclairées d’une fenêtre en petit plomb, ou par une ouverture pratiquée dans le haut des portes cintrées. Si, parmi ces chaumières d’une si humble égalité entre elles, vous en trouvez une ou deux qui se haussent jusqu’au luxe d’un premier étage et dont les vitres renvoient les feux du soleil couchant à travers les bras tordus et le feuillage jauni d’une maigre vigne, soyez sûr qu’elles appartiennent à quelque capitaine au long cours qui a réussi dans ses pacotilles. Ce sont les suzeraines de l’endroit. Du reste, comme tous les villages dont l’agglomération est difficile et lente, les Rivières ne tiennent pas toutes dans ces deux lignes de maisons basses. Elles ont des dépendances éparses, groupées çà et là sur différents points, et l’une de ces dépendances est le hameau appelé Bas-Hamet par les riverains (parce qu’il est situé plus bas que les Rivières vers la côte), où s’était retirée Vellini.

À l’époque où se produisaient les événements de cette histoire, l’apparence de ce hameau était bien triste et bien chétive ; qui sait ce qu’il sera devenu depuis ? On y comptait, au plus, cinq ou six cabanes, formant équerre dans un coin