Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/246

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sons renflés d’une flûte. — et faut-il encore le briser ? Va ! ta Vellini n’est point méchante. Elle ne veut point t’arracher l’amour d’Hermangarde. Elle ne veut que toi, par moments, toi ici, dans l’obscurité, sans qu’aucun être vivant le sache, ni Hermangarde, ni le monde, ni personne ! Que ta femme, Ryno, puisqu’elle est ta femme, ait ton amour et garde son bonheur, mais moi, que je t’aie ! que le passé revienne se poser entre nous, chaque nuit ou chaque jour, pour une heure ! Cela sera assez pour Vellini. Eh bien, tu prendras toutes les précautions de la tendresse. Tu surveilleras la confiante sécurité de ta femme ; moi-même, je deviendrai prudente. Oui ! moi, Ryno, ton impétueuse Vellini ! Rien ne me coûtera. Je changerai mon caractère. Ah ! je voudrais bien qu’il me résistât ! Nous nous cacherons. Pour la première fois de sa vie, Vellini se cachera, dût-elle en étouffer ! Elle se cachera comme si elle avait peur. Elle deviendra lâche pour sauver le bonheur d’Hermangarde. On est si bien sur cette côte écartée ! J’en sais tous les coins depuis que je la parcours. L’hiver est dur, ta femme est délicate. Elle ne peut plus t’accompagner dans tes promenades. Tu pourras donc sans danger y rencontrer Vellini. La fille du Toréador — reprit-elle d’un accent plus haut et avec une fierté sauvage qui lui fit secouer ses bras