Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/276

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coupables ou des bonheurs persécutés que ne l’était ce Tombeau du Diable (comme on l’appelait), et que Satan, dont il était le sarcophage, offrait, comme un refuge, à ses favoris parmi les vivants. Vellini y conduisit Ryno. On voyait dans ce souterrain un vieux banc vermoulu qui indiquait, par sa présence, que ce lieu solitaire et abandonné avait été hanté et presque habité autrefois. Indépendamment des contrebandiers, familiers à cette côte, peut-être avait il servi à cacher entre deux marées, lorsque tout l’Ouest s’insurgea, quelques-uns de ces agents des Princes qui correspondaient avec les Chouans, comme ce Quintal, par exemple, cet homme héroïque de Saint-Sauveur-le-Vicomte, qui menait seul une barque de Port-Bail à Jersey et courait la poste avec une rame et un fusil, à travers les écueils d’une mer féconde en naufrages, pour le service du roi de France : Quintal de nom, disaient ses compatriotes, mais aussi Quintal de fer, sous la peau d’un homme[1].

  1. Ce Quintal, qui a écrit son nom dans la mémoire d’hommes qui ne sont déjà plus, est tombé fusillé sur la place de Grève, percé des balles jacobines de Bonaparte, mâchées par Fouché. Comme M. de Frotté, comme Cadoudal, comme M. d’Aché, trahi, dit-on, par la belle et soi-disant infâme Mme de Vaubadon, comme des centaines d’autres, tombes méconnus dans le nuage de poudre des partis qui s’est étendu sur l’histoire autant que sur les bruyères, maintenant sereines, des cam-