Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/368

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mai au Bas-Hamet, et ma finguette ! elle y revint de son pied mignon, légère comme une bergeronnette, parlant et riant avec un vieux homme comme mai, et quand j’fûmes sous le chemin de Barneville, elle me donna itou tout ce qu’elle avait sur elle, si bien que, ce jour-là, je fis une journée comme j’n’en ai pas fait depuis et comme le bon Dieu ne m’en renverra peut-être jamais ! »

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C’est ainsi que sur cette côte sauvage et retirée de la Manche, au fond de ce cabaret de bouviers, de pêcheurs, de mendiants, on s’entretenait, un soir, de Vellini. Elle n’avait vécu que bien peu de temps sur ce rivage, et déjà tous ces gens simples, qui l’avaient connue, étaient pleins d’elle, ne parlaient que d’elle. La Mauricaude, comme ils l’appelaient, défrayait leurs conversations et s’imposait à leurs souvenirs. Elle allait peut-être bientôt entrer dans les légendes de la veillée comme cette blanche Caroline qui revenait aussi dans leur vie et dans leurs discours. Elle avait saisi l’imagination de ces êtres spontanés et primitifs, comme elle saisissait l’imagination des hommes les plus développés dans leurs facultés, les plus exigeants et les plus blasés dans leur goût, les plus hautains en sensation, en appréciation