Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/378

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— Vous pourrez maintenant faire la réponse, — dit le vicomte, — et renseigner les curiosités de madame de Cagny. Hermangarde est sacrifiée à une ancienne maîtresse, et, quoiqu’elle s’en taise, elle le sait. Voilà toute l’histoire, et cette histoire n’est pas nouvelle. La Vellini ne se trompait guères quand elle me dit un soir, en gaminant avec sa pantoufle qu’elle faillit me jeter à la tête, que sa liaison avec M. de Marigny n’aurait jamais de dénouement. Elle savait la force de ses nœuds. Elle connaissait le pouvoir infaillible de ses amorces et comment on repêchait, toujours avec le même hameçon, dans le fond des bras d’une femme neuve et charmante, le poisson qu’on a fricassé, depuis dix ans, dans la poêle de tous les plaisirs ! Qu’on dise, après cela, que les hommes manquent de fidélité et de constance ! — ajouta M. de Prosny, en ouvrant somptueusement sa tabatière, comme si elle eût renfermé tous les arcanes de l’âme humaine.

— Taisez-vous, vicomte ! — fit madame d’Artelles impatientée. — Allez-vous appeler fidélité ou constance de pareilles abominations ?

— Ce sont des abominations, — dit M. de Prosny qui se dessina tout à coup en moraliste, — parce que cette Vellini n’est pas de votre faubourg, ma chère comtesse ; car vous avez fini