Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/379

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par trouver très touchante, au faubourg Saint-Germain, la liaison, consacrée par des années de communauté, de madame d’Hénoës et de M. de Fargirens, dont le sentiment est définitivement et officiellement accepté… Ce sont des abominations, parce que c’est cette Vellini qui a cousu M. de Marigny à sa jupe. Mais supposez que ce fût madame de Marigny, par exemple, qui entraînât, au bout de dix ans, le señor Vellino, secrétaire de l’ambassadeur d’Espagne, marié et retournant, malgré son mariage, au pigeonnier de ses amours de dix ans, vous autres femmes, qui dirigez l’opinion dans ce pays, vous formeriez un bataillon carré d’amazones de moralité attendrie pour couvrir et défendre une si périlleuse situation, et vous êtes si spirituelles que probablement vous réussiriez !

— Et nous aurions raison ! — fit madame d’Artelles, qui, comme toutes les femmes, avait la grande solidarité de son sexe, et voyait la moralité des actions humaines moins dans le fond des choses que dans une certaine plastique de sentiments et d’attitudes. — Allez-vous comparer à une femme comme il faut, à un ange comme madame de Marigny, cette vieille macaque de Vellini, qui n’a pas dans sa personne l’ombre d’une excuse à offrir pour tous les torts dont Marigny se rend coupable