Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/66

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vent, une opinion qui paraissait inébranlable ?… Oui, l’étonnement m’a pris ! Il prendrait à moins. J’ai cru, d’honneur ! que je rêvais. J’ai frotté les verres de mes besicles pour mieux voir. Mais je voyais toujours la même chose, une étonnante chose, une incroyable chose ! C’est que vous étiez convertie à la chevalerie de M. de Marigny et au bonheur de sa femme. C’est que vous pensiez sur ce point comme la marquise de Flers, votre amie. Ah ! par exemple, elle doit — je lui demande bien pardon de l’expression — rire joliment dans sa barbe, la marquise de Flers !

« Certes ! je le regrette infiniment, comtesse : pourquoi n’a-t-on pas envoyé l’opinion publique de Paris par le coche, en votre pays de Carteret ? Elle se serait réformée peut-être à ce tableau parlant de l’amour conjugal qui vous enchante. Pourquoi moi-même n’y ai-je pu accompagner l’opinion publique ?… Cela ayant manqué, on continuera, je le crains bien, d’appeler ici le mariage de mademoiselle de Polastron et de M. de Marigny, la première folie d’une femme qui n’en a jamais fait. Cette chère marquise de Flers ! l’a-t-on assez tympanisée ! C’était le premier mal qu’on disait d’elle, mais aussi, comme on se vengeait d’avoir attendu si longtemps ! A-t-on assez tiré à boulets rouges sur sa personne ! S’est-on même assez appuyé de