Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/67

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votre opinion pour mieux pointer ses pièces ! car rien de plus agréable que de battre une amie avec une autre amie, comme on casse un verre avec un autre verre ; tout coup fait double, à ce jeu-là ! Assurément, on ne se doutait guères que vous reviendriez à résipiscence ! Si on le savait, ce serait bien vraiment une autre histoire, — un nouvel hurra d’exclamations et de surprises ! La Moquerie Parisienne sonnerait l’hallali de toutes ses trompes, et j’aurais la douleur de vous voir dépecée par les charmants couteaux de l’Ironie et de l’Épigramme qui tuent et scalpent, et vous écorchent quand ils vous ont tué et scalpé. Ah ! ma pauvre comtesse, ce n’est pas moi qui vous ferai courir un danger pareil ! Je suis trop votre ami pour donner cette joie à madame de Lally, à madame d’Outremont, à madame de Vanvres, et surtout à votre charitable cousine, madame de Bigorre, qui, en digne parente, ne manque jamais une occasion de tomber sur vous. Mort de ma vie ! quel sabbat feraient-elles sur votre enthousiasme de fraîche date pour ce vaurien de Marigny ! Allez ! comtesse, ses amis, à lui, ses meilleurs amis ne partagent pas votre confiance. Ils viennent presque tous à mon cercle de la rue de Grammont. Je les ai entendus causer, et ce qu’ils disent confirme terriblement mes humbles observations personnelles, qui étaient