Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/75

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« — Que vous étiez sortie de Saint-Thomas d’Aquin, bras dessus, bras dessous avec la comtesse de Mendoze, — une plantée là comme vous, ma pauvre señora, — et que vous étiez montée dans sa voiture, comme si vous étiez des amies de tous les temps.

« — Porque no ? » — fit-elle encore.

« Ah ! par ma foi ! elle m’impatientait avec ses porque no ? porque no ? Elle devait bien savoir, morbleu ! pourquoi la comtesse de Mendoze ne pouvait s’appareiller publiquement d’une fille de sa sorte, et j’allais peut-être le lui rappeler, puisqu’elle l’oubliait, mais la curiosité m’inspira la prudence et je me contins :

« — Diable ! — dis-je, — tant pis pour moi alors ! car j’ai parié que c’était un conte. J’ai juré que c’était impossible.

« — Vous avez eu tort, monsieur le vicomte, — répondit-elle en fermant son bracelet, qui rendit un bruit sec ; — cela est vrai et vous avez perdu.

« — Bah ! — fis-je bruyamment. — Et quel motif a pu déterminer cette liaison soudaine ? Est-ce la sympathie, née des mêmes malheurs ? car avant ce damné mariage, vous ne vous connaissiez guères, je présume, de manière que… »

« Mais elle m’interrompit par le mot de Talleyrand : « Vous êtes bien curieux ! » et elle le prononça avec une superbe qu’une princesse