Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/74

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présent, que l’affaire conclue, qu’après avoir vu Hermangarde, elle eût toujours cet incroyable sang-froid et, en parlant d’une rivale victorieuse, cette espèce de bienveillante équité, voilà ce qui me renvoyait à ces vieilles idées auxquelles vous avez tant fait la guerre et que vous appelez mes horreurs. Elle était coiffée. Elle avait secoué de son épaule le peignoir soufre, qui était tombé à ses pieds. Elle n’avait qu’un jupon brodé et son corset. Je me confesse à vous, chère comtesse : je regardais cette épaule couverte d’un duvet brun et pressé, ces bras souples aux mouvements fluides, et je me demandais quelles ressources de gymnastique inconnue il y avait cachées dans ce petit corps, en apparence si chétif, et qui forçait — sa camériste venait de le lui dire, moi présent, — les meilleurs buscs d’acier. « Sirène du diable, — pensai-je, — de quels œufs d’esturgeon salés as-tu donc nourri ton Marigny, pendant tant d’années, pour que tu croies qu’il va revenir te demander tes caresses, à ton premier coup de sifflet ?… »

« On lui apporta sa robe. Elle la mit. Cela me fit sortir de mes contemplations songeuses.

« — À propos de ce mariage, — repris-je, — on m’a dit une chose que je n’ai pas voulu croire, señora ?

« — Quoi donc ? — fit-elle.