Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/97

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— Je compris alors — répondit-elle, rougissant comme si elle avait été une jeune fille encore, — qu’il n’y avait plus qu’à mourir quand il ne vous aimait plus.

— Tu ne m’avais pas dit cela, petite ? — dit madame de Flers, avec moins de reproche que de réflexion.

— Non, bonne maman, — fit Hermangarde, — je n’ai pas osé ; je l’aimais. Si je vous avais parlé de madame de Mendoze, j’aurais craint de me nuire à moi-même, en nuisant à Ryno dans votre esprit. Vous n’ignoriez pas ce que le monde disait, mais à quoi bon rappeler à votre pensée des faits qui vous auraient indisposée contre lui ? Il venait tous les soirs, et d’ailleurs ce que j’éprouvais me fit bientôt oublier madame de Mendoze. Mes pensées étaient toutes à lui ; je n’en eus plus une seule pour elle.

— Malheureuse femme, — dit la marquise, — et singulière destinée ! Toi qui lui avais montré un intérêt dont elle était privée, c’était toi qui devais épouser l’homme qu’elle aimait avec une passion si profonde.

— Savez-vous ce qu’elle est devenue, maman ? — dit Hermangarde. — Je n’en ai jamais parlé à Ryno.

— Madame d’Artelles et M. de Prosny disent tous deux qu’ils l’ont aperçue dans une des tribunes de Saint-Thomas d’Aquin, à ta